Sajama (6542 m), 1991


“Survie au sommet“


L’expédition médicale scientifique de l’ARPE en altitude extrême : succès total

Quatre semaines de survie au-delà de 6000m dont 3 semaines au sommet même du Sajama (6542m), volcan culminant de la Bolivie.
Dix chercheurs (6 hommes et 4 femmes) dont 9 médecins et 1 ingénieur ont réussi à installer un laboratoire de recherche médicale au sommet du Sajama pendant le mois d’août 1991.

Membres de l’équipe


Les membres de l'expédition sont :
  • Ana-Maria ANTEZANA, Médecin cardiologue
  • Hélène BARTHELEMY, Médecin
  • Patrick BOUCHET, Ingénieur INSERM
  • Vincent BONALDI, Médecin
  • Emmanuel CAUCHY, Chef d’expédition, médecin
  • Jean-Bernard DUCHEMIN, Médecin
  • Jean-Louis LE TRONG, Médecin
  • Michèle MARCHAL, Médecin Anesthésiste
  • Chantal PARA, Médecin
  • Jean-Paul RICHALET, Professeur de Physiologie, Responsable scientifique


Déroulement de l’expédition


Deux tonnes de materiel scientifique et de survie ont été acheminées, avec l’aide d’une équipe de militaires boliviens de haute montagne.
Il s’agit du plus haut laboratoire de recherche médicale jamais installé pendant une telle durée.

Il a pu fonctionner grâce à une infrastructure assez sophistiquée reposant sur un système de panneaux solaires et de batteries cadmium-nickel fournissant l’énergie électrique. L’énergie solaire a également été mise à profit par l’utilisation de prototypes d’appareillages tels une cuisinière solaire ou des fondoirs à neige permettant de compléter les ressources énergétiques.

Après 5 jours de tempête ayant occasionné la perte de plusieurs tentes, la question de la suite de l’opération s’est posé, compte tenu des dangers objectifs et de l’isolement complet de l’équipe, bloquée à 6000m au camp 2.

Malgré des vents d’ouest soufflant a plus de 100 km/h et des températures atteignent -30°C, le laboratoire a pu être installé le 1er août et fonctionné dès le 4 août : ainsi le programme scientifique a pu être mené à bien à 80 %.

À partir du 12 août, le temps s’est amélioré et l’ensemble de l’équipe, récupérant un peu de son état physique et psychologique, a pu parfaire l’installation du camp et continuer dans de meilleures conditions le programme de recherche envisagé.

Les bonnes conditions météorologiques de la dernière semaine ont permis à une équipe de télévision (DUNE, A2) de venir tourner les séquences nécessaires à la réalisation d’une prochaine émission scientifique grand public (“Les voies de la science“).

Sur le plan médical, nous avons pu constater une rapide altération physique chez la plupart des sujets au cours des 2 premières semaines, se traduisant par une perte de poids de 4kg à 10kg, une fatigue intense, de grosses difficultés à dormir et à s’alimenter pour certains. Deux personnes ont dû être traitées sur place en utilisant un caisson de recompression permettant une descente artificielle en basse altitude.


Protocoles de recherche


Les dix séries de protocoles menés au cours de cette expédition sont en cours de dépouillement. Grâce à plus de 1000 échantillons de sang rapportés en France dans l’azote liquide (-180°C), l’analyse des marqueurs biologiques de la dégradation en haute altitude va permettre d’aider à répondre à cette question : peut-on vivre à plus de 6000m, c’est-à-dire avec moins de la moitié de l’oxygène que l’on respire habituellement ?

Ces études sont le fruit d’une collaboration entre de nombreux laboratoires de recherches : Laboratoires de Physiologie du C.H.U Bobigny, du C.H.U Necker, de Marseille (Nord), de l’Université de Genève, Unités INSERM U2 (Créteil)...

Elles ont porté sur les thèmes suivants :
  • Modifications de la composition corporelle : perd-t-on de la masse grasse ou du muscle ?
  • Réactions cardiovasculaires à l’hypoxie (manque d’oxygène) : comment s’adapte-t-il aux contraintes de la haute altitude ? Quel est le rôle du système nerveux ?
  • Nutrition : quelles sont les causes de la perte de poids considérable constatés ? Troubles de l’absorption, baisse de l’appétit, mauvaise assimilation des aliments (glucides, protides, lipides) ? Un prélèvement a été effectué sur un muscle de la cuisse (la biopsie la plus haute du monde !) pour mieux comprendre les mécanismes de l’épuisement.
  • Hydratation et déshydratation : l’eau est essentielle pour la survie. Comment le rein réagit-il en haute altitude ?
  • Globules rouges : l’augmentation du nombre de globules rouges est-elle le mécanisme indispensable à l’acclimatation de longue durée ?
  • Exercice musculaire : les performances physiques sont diminuées de moitié par rapport à celles du niveau de la mer. Par quels mécanismes ?
  • Aspects physchologiques : comment le cerveau supporte-t-il le manque d’oxygène, quelles sont les fonctions altérées ? mémoire, réflexion, concentration, humeur, discours ?...
  • Le sommeil est profondément altéré et s’accompagne de troubles de la ventilation, particulièrement dangereux à cette altitude.
  • Le Mal des Montagne peut prendre des formes particulièrement graves à cette altitude : œdème pulmonaire et œdème cérébral, dont les mécanismes ne sont pas encore élucidés.
  • Le rayonnement solaire très intense (ultraviolet) a été étudié, en particulier ses effets sur l’œil et la peau ; comment s’en protéger (crèmes solaires, lunettes, lentilles de contact).

Cette expédition a bénéficié sur place, en Bolivie, de l’aide précieuse de l’IBBA (institut Bolivien de Biologie d’Altitude), de l’ORSTOM (Office de Recherche Scientifique et Technique d’Outre-Mer) et du Bataillon de haute montagne Tocopilla. Elle a été rendue possible grâce au soutien des organismes et sociétés suivantes : Laboratoires Sandoz et Wander Nutrition, l’AFME, Duralite, Volvic....

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